Savoir donc, c’est pouvoir. Pour les bureaux d’information sur le crédit (BIC), il s’agit notamment de pouvoir améliorer le fonctionnement du marché du crédit et d’optimiser la performance des prêteurs avec d’avantage d’information pour nourrir les décisions stratégiques. Mais hélas, ce n’est pas si simple : car dans l’industrie du crédit, pour être utiles et valorisables, les données doivent être complètes, de qualité, transmises régulièrement et vérifiables. Les données de haute qualité ont un pouvoir plus profond et plus transformateur. Dans ce secteur, la qualité et l’exhaustivité des données sont essentielles pour le succès des BIC. Creditinfo a, depuis sa création, mis l’accent sur ce domaine pour aider les banques, les IMF et d’autres institutions non-financières.

La quantité n’est pas une qualité en soi

La possession des données n’est pas suffisante pour la réussite d’un bureau d’information sur le crédit. Les coûts directs et indirects des données incomplètes et de mauvaise qualité ont des conséquences considérables sur les prêteurs : l’octroi de prêts à des clients à haut risque, le rejet de clients moins risqués, des procédures de recouvrement inefficaces et improprement ciblées (si elles se basent sur des données démographiques erronées), une baisse de crédibilité avec ses clients et le régulateur, ainsi que des coûts supplémentaires liés au nettoyage et la validation des données. La qualité des données est beaucoup plus que la simple possession. La qualité des données et un défi qui demeure pour tous les BIC à travers le monde, et qui mérite toute l’attention des opérateurs, des institutions financières et non-financières, ainsi que du régulateur. Même aux Etats-Unis ou la « culture du crédit » est établie depuis longue date, et ou les BIC sont positifs, larges, et mûrs ; le problème persiste. Les BICs livrent des clairs bénéfices socio-économiques même en cas d’insuffisance qualitative des données ; mais les gains marginaux sont nets lorsque la qualité s’améliore. Les imperfections dans la qualité sont nuisibles et dangereuses : les prêteurs reçoivent des profils de risque incomplets, les consommateurs ne sont pas évalués conformément aux meilleurs pratiques, et le pouvoir prédictif du BIC est sous-utilisé. La question inévitable se pose : comment participer, de manière proactive et positive, dans l’amélioration qualitative des données ?

Dans ses Principes Généraux sur le Rapport du Crédit (General Principles for Credit Reporting), la Banque Mondiale souligne que « la qualité est la pierre angulaire d’un environnement de rapport de crédit efficace ». En 2018, Experian a constaté que 57% des organisations considèrent que la gestion des données est un avantage concurrentiel qui permet des meilleures pratiques de prise de décision.

Les engagements de Creditinfo

Creditinfo investit considérablement dans la qualité des données et s’est spécifiquement engagée dans trois domaines : la mise en place de plusieurs phases de vérification des données téléchargées ; des revues périodiques conjointement avec les fournisseurs de données, et enfin un dialogue constant avec le régulateur.

Les phases de validation et vérification régulières sont des étapes fondamentales. Elles constituent un premier pas critique, avec l’objectif d’anticiper des interruptions potentielles. Les « règles de gestion » qui gouvernent ces phases établissent des restrictions logiques sur les données qui sont envoyés au BIC. Ces règles valident les liens entre les champs des données, ainsi que la cohérence avec l’historique disponible. L’objectif des règles de gestion (et donc des phases de validation) est d’éviter : des erreurs dans la manipulation des données (ex. valeurs négatives), erreurs de frappe (ex. mauvais format des identifiants), des fautes logiques causées par des incohérences (ex. date de début du contrat est dans le futur), un manque d’information obligatoire (ex. information de contact, identifiants), des cas extrêmes (ex. nombre élevée de garanties), ainsi que des incohérences des données avec l’historique du client, etc.

Les revues périodiques avec les fournisseurs sont une condition préalable essentielle à un écosystème robuste et de haute qualité. Le but est d’appuyer les fournisseurs pour maximiser la qualité des données pour leur bénéfice ainsi que pour celui de tous les autres prêteurs. Des indicateurs tels que la qualité des « snapshots » et leur régularité sont vérifiés, ainsi que la manière de leur traitement et leur mise à jour. Ces revues impliquent directement les institutions financières, et sont des étapes cruciales pour la persuasion et le renforcement de la confiance ; ainsi que pour s’assurer de l’adhésion et de l’engagement en matière de qualité des donnés. Creditinfo est un partenaire d’institutions financières et non-financières dans quatre continents, et mène des ateliers de révision réguliers.

En dernier lieu, une relation saine, bâtie sur le dialogue et forte, avec le régulateur, ainsi que ses conséquences, est déterminante. Le régulateur est le seul acteur à disposer des outils et d’une capacité de persuasion morale nécessaire pour pousser les institutions financières et non financières dans la bonne direction. Creditinfo, un bureau d’information sur le crédit agrégé, travaille étroitement et coopéré avec les régulateurs à travers le monde entier pour augmenter la qualité des données, surtout dans les marchés ou le « BIC » est un concept nouveau, et ou la qualité des données et reléguée au fond de la liste des priorités des institutions financières. Le régulateur joue un rôle décisif pour persuader les institutions, comme par le biais d’un classement ou « ranking » de la qualité des données. Il fait aussi appliquer de la législation pertinente, par exemple ce qui concerne la soumission des données. De plus, un écosystème de haute qualité est aussi dans les intérêts du régulateur : il permet un suivi du risque systémique et facilite les activités macro et micro prudentielles.

Si l’application des données pour la prise de décisions stratégiques est le cœur de métier de Creditinfo, la qualité des données en est un élément essentiel. C’est l’engagement de Creditinfo au cours des 20 dernières années, et il en sera de même à l’avenir.

Il est grand temps de renforcer les « prêts mobiles » dans l’Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine

Avec des nombreux pays de l’Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA) confrontés à des mesures de confinement ou de couvre-feu à cause du Covid-19, les agences bancaires moins fréquentés ou vides et la mobilité de la population réduite ; les arguments en faveur d’un écosystème robuste et fiable de « mobile money » n’ont jamais été si pertinents ou si forts. Dans des marchés internationaux ou les « prêts mobiles » sont naissants ou inexistants et le marché du crédit est relégué à une interaction physique entre le prêteur et le client, des mesures telles que l’isolation et le confinement général équivalent a une condamnation à mort. L’industrie du crédit est paralysée car la communication physique essentielle devient impossible. D’autre part, la ou les « portefeuilles digitales » et le « e-money » sont monnaie courante, ces complications potentielles n’ont aucun impact.

Dans la région UEMOA, plusieurs initiatives de ce type sont déjà en place. MoMo Kash, une « mobile money solution » de MTN en Côte d’Ivoire affiche déjà plus de 5.000.000 d’usagers. MTN déploie une solution similaire au BeninOrange Bank prévoit un lancement en Côte d’Ivoire cette année. D’autres solutions, comme Moov, montrent que les graines ont été plantées et sont prêtes à pousser. La croissance dans ces marchés a été incitée par une concurrence « saine » et un cadre de régulation précis.  La complémentarité du Bureau d’Information sur le Crédit (BIC), comme montre l’expérience de Creditinfo Kenya est essentielle, et souligne l’importance d’une plateforme comme celle-là, pour s’assurer d’un fonctionnement continue, fiable, efficace et matière de suivi de risque et d’octroi de prêts. 

Néanmoins, bien qu’il y ait beaucoup de points positifs, il reste des étapes clés à franchir. Un obstacle fondamental qui doit être levé est la difficulté d’obtenir le consentement du client de manière digitale ou en ligne. L’intégration numérique et digitale (digital onboarding) est fondamentale en temps normal, mais critique en temps de crise. Elle permet aux communautés rurales, éloignées des agences bancaires de bénéficier d’un accès au financement immédiat et facile. L’intégration digitale réduirait l’affluence dans les agences, et rendrait les petits prêts à court terme (qui autrement ne le seraient pas) financièrement viables et rentables pour les banques. Elle réduit les coûts, les erreurs et la subjectivité qui sinon restent des composants structurels de la décision humaine. Avec des personnes bloquées chez elles, l’intégration et le décaissement numériques peuvent être effectués en quelques clics, injectant ainsi de l’argent « réel » dans l’économie, et permettant de payer les factures et les fournisseurs. Tout cela devient impossible si un entrepreneur il doit signer physiquement un formulaire dans une agence. Il est essentiel d’intégrer le « digital onboarding » comme prochaine grande réforme de l’industrie du crédit. Ceci doit être complémenté par l’obligation de consulter le BIC lors d’une demande de prêt, aussi pour éviter le phénomène de taux de défaut élevés observé jusqu’à maintenant. Pour ce faire, Creditinfo a développé et va mettre un place un « score mobile » qui sera idéalement adapté à l’analyse du risque. La technologie et l’infrastructure ne sont pas seulement un impératif commercial, mais aussi économique, et il faut désormais une révolution dans la région.